Beaucoup d’acteurs politiques et cadres associatifs, ainsi que des citoyens à travers plusieurs espaces de débats et d’emails nous interpellent et nous interrogent sur notre engagement. Malgré la capitalisation du site internet, c’est l’occasion de s’arrêter pour faire le point moins sur les multiples activités de Pas à Pas, que sur les différentes facettes de discriminations que subissent les populations immigrantes et héritières de l’immigration, et sur la situation d’infra droits imposée à ces populations.

Comment ces populations vont-elles trouver une place ? Comment vont-elles s’intégrer au paysage de ce pays ? Quel est la nature de cet engagement dans la société afin de promouvoir l’état de droit, le pluralisme, la justice sociale, l’éducation, la dignité des êtres humains. Ont-elles le souci de cette contribution sociale et politique qui est désormais prioritaire ?

Partant de ce postulat, Pas à Pas affirme assumer sans complexe, un regard critique sur les enfants héritiers de l’immigration et sur la société française. Pas à Pas mentionne de façon explicite et implicite son identité musulmane, qui représente une étape incontournable dans le parcours d’engagement de la plupart de ses adhérents. Sa dynamique est mise en place depuis plusieurs années, et des réseaux de partenariat ont pu s’établir entre elle et les institutions musulmanes et non musulmanes, autour de cercles de réflexion et de toute une panoplie d’activités visibles à l’échelle locale autant que nationale.

Elle s’engage dans les dynamiques associatives qui travaillent le présent, en se mettant à leur écoute et en leur apportant l’écho, de façon à édifier des repères communs et à augmenter le désir d’agir dans la société. Vu la situation peu réjouissante des politiques institutionnelles et de la gauche traditionnelle, Pas à Pas vise à faire émerger une alternative locale à travers une dynamique socio-politique. Pas a Pas rejette pour de bon la tutelle paternaliste des décennies passées qui a fait perdre aux quartiers la maîtrise de leur destin social, de leur image et finalement leur dignité.

Pas à Pas est née en réaction aux discriminations vécues à la fois dans les quartiers et au niveau de l’agglomération. Fragile et impuissante, ignorée par les institutions d’un pouvoir qui distribue les subventions et les locaux de manière clientéliste et paternaliste, elle dénonce la politique de ghettoïsation urbaine, scolaire, subie ou provoquée. Elle est consciente du piège de l’enfermement dans une revendication identitaire territoriale ou communautaire, elle explore des hypothèses nouvelles sur les transformations des mouvements issus de l’immigration. Dire que Pas à Pas nourrit le communautarisme est faux. Non seulement elle le dénonce mais elle combat ceux qui instrumentalisent ces populations à des fins électoralistes. Beaucoup de citoyens qui attendaient du projet socialiste de 1981 ont été déçu. La gauche est à l’heure actuelle dans une situation inquiétante et la droite dure est de plus en plus présente dans le débat et sur la scène politique et sociale

Les événements qui ont secoué les quartiers populaires confirment une France en panne de projet émancipateur pour une république où les injustices sont de plus en plus criantes ; une jeunesse des quartiers populaires est en colère et les institutions ainsi que les organisations politiques ou syndicales sont souvent timides et se réfugient dans des concepts valises (démocratie, laïcité, république, intégriste, islamiste,…) assez flous voir radicaux. Ces attentes politiques auxquelles les politiques ne répondent pas (éducation, emploi, drogue, violence) sont dépolitisées faute d’outils. Il faut s’engager dans des projets locaux, des projets de proximité, par lesquels on doit lutter contre le chômage, l’exclusion, la marginalité et l’ensemble des fractures sociales.

A terme, la résistance passe nécessairement par l’engagement citoyen et politique. A tous les niveaux, des initiatives sont attendues qui permettent des gestions économiques alternatives et, surtout, un retour de la politique à sa véritable vocation fondée sur le débat et la participation citoyenne.

Pour les musulmans comme pour tous les êtres humains, pas de résistance sans participation.